Les martres, prédateurs discrets mais efficaces, représentent une menace significative pour les exploitations agricoles. Les dégâts qu'elles causent, allant de la prédation sur le bétail à la destruction d'infrastructures, engendrent des pertes économiques considérables pour les agriculteurs. En France, on estime le coût annuel des dommages causés par les martres dans le secteur agricole à plus de 10 millions d'euros. Comprendre leur comportement et identifier leur présence, notamment via l'analyse de leurs excréments, est primordial pour mettre en place des stratégies de gestion efficaces.
Deux espèces de mustélidés sont particulièrement concernées : la martre des pins ( *Martes martes*) et la fouine (*Martes foina*). Ces animaux, adaptables et territoriaux, s'infiltrent facilement dans les bâtiments agricoles et les zones de cultures, causant des dommages directs et indirects sur l'activité des exploitations. Leur régime alimentaire omnivore et opportuniste explique la diversité des dégâts constatés.
Dégâts causés par les martres dans les exploitations agricoles
Les impacts des martres sur les installations agricoles sont multiples et touchent plusieurs aspects de la production. Ils se traduisent par des coûts directs (pertes de bétail, destruction de récoltes) et indirects (réparations, traitements sanitaires, baisse de productivité).
Prédation et pertes de production
La prédation est le principal impact direct. Les volailles (poulets, poules, canards, oies) constituent une proie facile, surtout les jeunes animaux. Une seule martre peut tuer jusqu'à 25 poules par semaine, représentant une perte économique importante. Les lapins, les pigeons et autres oiseaux sont également victimes de ces prédateurs. Ces attaques ne se traduisent pas seulement par la mortalité du bétail, mais génèrent un stress important au sein du cheptel, pouvant entraîner une baisse de la production laitière (de 7 à 10% selon certaines estimations) ou un ralentissement de la croissance des jeunes animaux. Dans les régions où la densité de martres est élevée, la prédation peut affecter jusqu'à 20% du cheptel avicole chaque année.
Les cultures ne sont pas épargnées. Bien que les dégâts soient souvent moins importants qu'en élevage, la consommation de fruits (pommes, poires, raisins, cerises) et de légumes (tomates, courgettes, etc.) peut dégrader la qualité des produits et entraîner des pertes commerciales. Les cultures fruitières sont particulièrement sensibles, avec des pertes estimées jusqu'à 15% de la récolte dans certaines régions.
Dégradation des infrastructures et risques sanitaires
Les martres accèdent facilement aux bâtiments agricoles par des ouvertures, des fissures ou des conduits. Elles y causent des dégradations significatives : rongement de câbles électriques (provoquant des pannes et des pertes de production - estimées à 25% des pannes dans certains secteurs agricoles), détérioration des isolations (entraînant des pertes de chaleur et des coûts de réparation), destruction de structures en bois (charpentes, bardages). Le coût moyen des réparations suite à une infestation de martres est estimé entre 1500 et 3000 euros.
Enfin, la présence de martres pose un risque sanitaire. Leurs excréments et urines peuvent contaminer l'environnement et contribuer à la propagation de maladies et de parasites (salmonellose, leptospirose). Ceci nécessite des mesures d'hygiène strictes et engendre des coûts supplémentaires liés à la désinfection et au traitement des animaux.
Identification de la présence des martres : L'Analyse des excréments
L'identification précoce de la présence des martres est essentielle pour limiter les dégâts. L'analyse de leurs excréments, les "crottes de martre", est un outil précieux. La forme, la couleur, l'odeur et le contenu des excréments fournissent des informations importantes :
- Couleur : Généralement brun foncé à noir, pouvant varier selon le régime alimentaire.
- Forme : Allongée, cylindrique, souvent pointue aux extrémités.
- Odeur : Forte et musquée, caractéristique.
- Contenu : Restes de nourriture (os, graines, poils), pouvant aider à identifier le régime alimentaire de la martre.
- Localisation : cheminées, combles, greniers, zones isolées. La localisation des crottes donne des informations sur les points d'accès privilégiés par les martres.
La quantité de crottes observées peut fournir une estimation de la taille de la population de martres. Cependant, cette méthode présente des limites, notamment sa variabilité en fonction de la mobilité des animaux. Des observations régulières, sur plusieurs semaines, sont recommandées pour une évaluation plus précise.
Méthodes de prévention et de contrôle des dégâts
La gestion des problèmes liés aux martres exige une approche intégrée combinant des mesures préventives et curatives. Le choix des méthodes dépendra du contexte spécifique de chaque exploitation et de l'importance des dégâts observés.
Méthodes préventives pour limiter les accès et les sources de nourriture
La prévention est la meilleure solution. Des mesures physiques permettent d'empêcher l'accès des martres aux bâtiments et aux cultures. Ceci inclut :
- Protection physique des bâtiments : Grillages, mailles fines pour les poulaillers, renforcement des toitures, comblement des fissures et ouvertures.
- Gestion de l'environnement : Suppression des habitats favorables (amas de bois, végétation dense autour des bâtiments), gestion rigoureuse des déchets (contenants hermétiques).
- Répulsifs : Olfactifs (produits à base d'huiles essentielles), sonores (ultrasons), lumineux. L'efficacité des répulsifs est variable et dépend du contexte. Une rotation des produits et l'association de plusieurs méthodes sont recommandées.
Méthodes curatives : capture, translocation et piégeage
Si les mesures préventives sont insuffisantes, des méthodes curatives peuvent être nécessaires. Elles doivent être réalisées avec prudence et en respectant la législation en vigueur :
- Capture et translocation : Capture des martres et déplacement vers un habitat plus approprié. Nécessite une autorisation et doit être effectuée par des professionnels.
- Piégeage : Utilisation de pièges adaptés, respectant le bien-être animal. Privilégier la capture vivante et faire appel à des professionnels pour la gestion du piégeage.
La collaboration avec les services de l'environnement et les associations de protection de la nature est indispensable pour une gestion efficace et respectueuse de l'environnement.
- Coût annuel moyen des dégâts par exploitation touchée : 2000 à 5000 euros.
- Pourcentage de pertes de volailles dans les exploitations infestées : jusqu'à 25%.
- Nombre de martres par territoire : variable selon les régions, mais pouvant atteindre 1 à 2 martres par hectare dans certains secteurs.
- Coût d'installation de dispositifs de protection pour un poulailler moyen : entre 500 et 1000 euros.
- Pourcentage de pannes électriques attribuables à la présence d'animaux sauvages : estimé à 30% dans certaines zones rurales.